14 juillet 2021

Discours 14 juillet 2021.

La constitution de 1958 instaure le « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Depuis la période révolutionnaire dont nous célébrons aujourd’hui une date importante, les français ont vécu sous plusieurs régimes dont cinq républiques et connu 15 constitutions.

Notre vie politique est donc tumultueuse mais, dès 1789, la conquête du droit de vote par les citoyens a été au cœur d’un combat. Entre 1791 et 1982, les évolutions de ce droit résultèrent ainsi d’une lutte acharnée puisqu’il fut d’abord censitaire puis indirect et masculin uniquement avant de devenir universel, secret, féminin, abaissé à 18 ans avant que soit instaurée une citoyenneté européenne.

Voter est donc un droit mais également un devoir, envers l’Histoire mais aussi envers la démocratie car l’abstention est un poison qui tue doucement mais surement celle-ci.

Ce sont, bien évidemment les taux d’abstention importants lors des scrutins nationaux du mois de juin qui me font réagir.

Bien sûr, ce triste constat nous interroge sur le pourquoi d’un tel désintérêt pour la vie citoyenne et le fonctionnement de notre république. Aussitôt les idées de doute, d’éloignement, de perte de confiance envers le monde politique surviennent à l’esprit et les exemples de ce qui provoque ce naufrage ne manquent pas au cours des derniers 18 mois.

En voici quelques-uns :

· avec la pandémie, à l’état d’urgence antiterroriste s’est ajouté un état d’urgence sanitaire et dans notre pays, l’exceptionnel est devenu l’ordinaire ce qui peut être extrêmement dangereux pour une démocratie ;

· les pénuries successives de masques, puis de test, puis de lits dans les hôpitaux, et de vaccins ont décuplé cette défiance ;

· le gouvernement par la peur se banalise et je me permets de rappeler que le 10 juillet 1940, c’est une écrasante majorité du Parlement qui décide de saborder la République pour établir le régime de Vichy, triste parenthèse dans notre pays, plutôt que de poursuivre la lutte comme quelques-uns l’ont fait ;

· la perte de confiance s’amplifie quand le président, lui-même, fait le choix de la sanction et de l’interdiction plutôt que celui de la responsabilisation et de la pédagogie.

Les crises sanitaires, écologiques, sociales, économiques et démocratiques nécessitent en réponse l’union et non la division ; ainsi, la déresponsabilisation des français par la législation renforce l’individualisme qui gangrène de plus en plus notre société.

Comme le disait Robespierre devant la Convention, le 2 décembre 1792, « et vous, législateurs, souvenez-vous que vous n’êtes point les représentants d’une caste privilégiée, mais ceux du peuple français, n’oubliez pas que la source de l’ordre, c’est la justice, que le plus sûr garant de la tranquillité publique, c’est le bonheur des citoyens, et que les longues convulsions qui déchirent les états ne sont que le combat des préjugés contre les principes, de l’égoïsme contre l’intérêt général, de l’orgueil et des passions des hommes puissants contre les besoins des faibles ».

229 ans plus tard, nous pourrions avoir l’impression d’en être au même point…

Il semble cependant qu’à Saint Jean du Pin, nous puissions nous targuer d’un taux de participation supérieur à la moyenne, de la présence de nombreux pininques aux balades citoyennes, aux réunions publiques. C’est une réalité car la vie démocratique y a été cultivée et chérie depuis plusieurs décennies.

C’est aussi un des objectifs de notre nouvelle équipe municipale, qui, avec le budget participatif, tente de sensibiliser et d’impliquer de manière directe et, dès le plus jeune âge, les habitants de notre village dans ses choix d’investissement. Cet engagement sur une commune de 1 500 habitants est un choix politique fort afin de lutter contre ce qui délite notre démocratie.

Mais, nous ne vivons pas sous cloche, nous sommes et travaillons au sein d’une agglomération, d’un département, d’une région, d’un pays, d’une Union européenne et d’un monde qui ont besoin de l’engagement de chacun d’entre nous.

C’est notre devoir moral, 232 ans après le 14 juillet 1789.

Vive la République, vive la Nation !